Amandine Fredon
Amandine Fredon est l’invitée de la 16e édition du festival du film d’animation Drakkar’Toon (2022) pour la présentation du long métrage Le Petit Nicolas, qu’est-ce-qu’on attend pour être heureux ?, en co-réalisation avec Benjamin Massoubre, Cristal du long métrage au festival internation du film d’animation Annecy 2022.
Filmographie :
• Le Trésor du têtard salé (court métrage de fin d’étude – 2002) : réalisatrice et scénariste
• C’est bon (série TV – 2013) : co réalisatrice
• Ariol (série TV, saisons 1 et 2 – 2009-2017) : réalisatrice
• Tu mourras moins bête (série TV, saisons 1 et 2 – 2016-2017) : réalisatrice
• Ariol prend l’avion (moyen métrage spécial – 2018) : réalisatrice
• Le Petit Nicolas, qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ? (long métrage – 2022) : co-réalisatrice
Portrait animé publié le 24 septembre 2022
Cinéma Le Drakkar – Pourrais-tu nous présenter ton parcours et ton travail ?
Amandine Fredon – J’ai toujours été passionnée de dessin et je rêvais d’être autrice de bande-dessinée. J’ai découvert l’animation grâce aux aventures de Wallace et Gromit de Nick Park. Cet humour m’a beaucoup plu ! Après des études artistiques (Bac Arts Appliqués, BTS images de communication, Beaux-Arts Illustration à Bruxelles…), j’ai fait l’atelier Bande dessinée à Angoulême où j’ai présenté à la fois un projet de bande dessinée et deux films d’animation ! Je venais même travailler pendant les vacances pour pouvoir les finir à temps… Ces films m’ont permis d’intégrer l’École La Poudrière à Valence. Ensuite j’ai eu la chance de travailler pendant 15 ans au Studio Folimage sur différentes productions, puis de réaliser des séries télévisées comme C’est Bon (voir) avec Jean-Pierre Coffe et Serge Elissalde, Ariol (voir), adaptation des géniales des bandes dessinées de Marc Boutavant et Emmanuel Guibert, ainsi que Tu mourras moins bête (voir), adaptation des excellents livres de Marion Montaigne. Sur cette dernière série, interprétée par François Morel, c’était vraiment un plaisir de mettre en scène et de donner vie aux histoires de Marion.
Wallace & Gromit – Nick Park – 1989 © Aardman Animations
C’est bon – Amandine Fredon, Jacques-Rémy Girerd, Serge Elissalde – 2013 © Folimage / Les Trois Ours / France 3
Ariol – Amandine Fredon, Hélène Friren, Mathias Varin – 2017 © Folimage
Tu mourras moins bête – Amandine Fredon – 2016 © Folimage / Ex Nihilo / Arte
CLD – Pourrais-tu nous faire partager un souvenir de séance de cinéma qui t’aurait marqué ?
AF – Je me rappelle du film Les Goonies, réalisé par Richard Donner (avec Steven Spielberg dans l’équipe) qui m’avait vraiment marqué : j’avais adoré ce groupe d’enfants qui se battent pour sauver leur quartier voué à la destruction, mélange d’aventure, de mystère et de magie. Le film L’Exorciste m’avait marqué également : comment faire un film d’horreur incroyable avec peu de moyen mais très efficace.
Les Goonies – Richard Donner – 1985 © Warner Bros
L’Exorciste – William Friedkin – 1973 © Warner Bros
CLD – Pourrais-tu nous parler de ton actualité et de tes projets ?
AF – Je viens de finir la réalisation de la série Music Queens avec Rebecca Manzoni, dessinée par Leslie Plée, qui sera diffusée prochainement sur Arte. L’idée est de raconter l’histoire des femmes et de la pop à travers les grands succès de la chanson populaire. On met en scène, avec beaucoup d’humour, une chanteuse célèbre par épisode et on explique comment ces chanteuses se sont approprié leurs chansons pour changer le regard sur les femmes et sur les discriminations qui pouvaient exister à leurs époques. Cette série se veut engagée, à l’image de Nina Simone, des Weather Girls, de Françoise Hardy, de Lizzo… et beaucoup d’autres, interprétés par Izïa Higelin et Aïssa Maïga. De vraies héroïnes !
Après deux ans de fabrication (et beaucoup plus de préparation !), j’ai également co-réalisé mon premier long métrage avec Benjamin Massoubre ! On s’est plongés dans l’univers du Petit Nicolas et celui de ces auteurs, René Goscinny et Jean-Jacques Sempé. C’était une expérience incroyable d’adapter leur univers, à la fois par l’enjeu du projet, l’envie d’être le plus fidèle et sincère possible par rapport aux œuvres des auteurs, et d’être accompagnés par des équipes motivées et talentueuses ! Notre film, Le Petit Nicolas, qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ?, a gagné le Cristal du long métrage au Festival International d’Animation d’Annecy en juin 2022. Une sacrée récompense pour toutes les personnes qui ont mis leur énergie au service du film. On a hâte de vous le faire découvrir le 12 octobre 2022 au cinéma.
Pour la suite, je développe un projet personnel, une série cartoon inspirée d’un court métrage avec un pirate et un requin blanc comme animal de compagnie. Et commencer à réfléchir à un prochain long métrage, inspiré de contes japonais et européens.
Music Queens – Amandine Fredon, Rebecca Manzoni © La Générale de Production / Foliascope
Music Queens – Amandine Fredon, Rebecca Manzoni © La Générale de Production / Foliascope
Music Queens – Amandine Fredon, Rebecca Manzoni © La Générale de Production / Foliascope
Le Petit Nicolas, qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ? – Amandine Fredon, Benjamin Massoubre – 2022 © Onyx Films / Bidibul
Le Petit Nicolas, qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ? – Amandine Fredon, Benjamin Massoubre – 2022 © Onyx Films / Bidibul
CLD – Aurais-tu quelques suggestions de films ou de lectures à nous conseiller ?
AL – La liste est longue !
Je suis fan des films muets en noir et blanc très expressifs et visuels. À l’époque, il n’y avait pas d’effets spéciaux après le tournage, les trucages devaient se faire en direct à la prise de vue. Pour moi c’est vraiment l’idée de base du cinéma : raconter des histoires, créer un univers, jouer avec la réalité pour que le spectateur entre dans un autre monde.
J’adore les films de Charley Bowers qui mélangent prise de vue réelles et animation. Dans Pour épater les poules, des inventeurs tentent de créer une machine pour rendre des œufs incassables. Des œufs couvés sur le moteur d’une voiture donnent naissance à des mini bébés voitures ! Génial !
Également les films de Buster Keaton avec cette fameuse séquence dans Les fiancées en folie où il court, dégringolant une colline, poursuivi par des rochers géants qui lui roulent dessus à l’infini ! À voir et à revoir.
Et aussi tous les films des aventures d’Indiana Jones, un régal au cinéma en famille.
Je m’inspire beaucoup des illustrateurs anciens, avec l’idée de revenir aux origines des contes. Mon préféré est Arthur Rackham et son monde fantastique de fées. Et aussi les princesses d’Edmund Dulac, les trolls de John Bauer, les univers de Gustaf Tenggren, les enluminures d’Ivan Bilibine.
J’adore lire ! Je conseille Femmes qui courent avec les loups de Clarissa Pinkola Estes, Culottées de Pénélope Bagieu, les livres Sapiens, une brève histoire de l’Humanité et Homo Deus, une brève histoire du futur de Yuval Noah Harari dont l’adaptation en bande dessinée est superbe.
Pour épater les poules – Charles R. Bowers – 1926
Les Fiancées en folie – Buster Keaton – 1925 © Buster Keaton Comedies
Indiana Jones, les aventuriers de l’Arche perdue – Steven Spielberg – 1989 © Paramount Pictures
Peter Pan dans les Jardins de Kensington – James Matthew Barrie (aut.), Arthur Rackham (ill.) – 1907 © Hachette et Cie
Le Troll et le garçon – John Bauer – 1903
Femmes qui courent avec les loups – Clarissa Pinkola Estes – 1996 © Grasset
Culottées – Pénélope Bagieu – 2016 © Gallimard BD
Sapiens, la naissance de l’Humanité – Yuval Noah Harari – 2020 © Albin Michel
Homo Deus, une brève histoire du futur – Yuval Noah Harari – 2017 © Albin Michel